L’indre est un département au sud-ouest de la région Centre. Il a pour préfecture Châteauroux, pour sous-préfectures Le Blanc, La Châtre et Issoudun. Il mesure 6 791 km2 (6 903 pour la statistique agricole) et il est divisé en 26 cantons et 247 communes, regroupées en une communauté d’agglomération (Châteauroux) et 15 communautés de communes, formant elles-mêmes six pays officiels, dénommés Castelroussin-Val de l’Indre, Boischaut-Nord, Issoudun-Champagne Beauceronne, Val de Creuse-Val d’Anglin, PNR Brenne, ce dernier non encore entériné. Hors des trois départements centraux de l’Indre-et-Loire, du Loir-et-Cher et du Cher, il est limitrophe de la Creuse, de la Haute-Vienne et de la Vienne, donc des régions Limousin et Poitou-Charentes.
L’Indre avait 231 100 hab. au recensement de 1999 et l’Insee estime sa population à 232 952 hab.en 2009. Elle était de 296 000 en 1886 et n’a presque pas cessé de décliner depuis, se tenant de 1920 à 1975 aux alentours de 250 000 avant de chuter à nouveau. Cela tient très largement à sa position aux marges méridionales du Bassin Parisien et au contact du Massif Central, et à l’absence de grande ville: l’agglomération de Châteauroux n’est que 85e en France par son aire urbaine, après Chartres, Bourges et même Blois. Le déficit démographique est à peu près entièrement dû au solde naturel des naissances et des décès, sensiblement négatif.
Le territoire départemental appartient presque entièrement au Bassin Parisien. Toutefois, il mord un peu au sud sur les terrains anciens du Massif Central, où son altitude s’élève jusqu’à 459 m à Pouligny-Notre-Dame, sans toutefois atteindre le record régional de Préveranges dans le Cher. Cette fraction de la Marche se tient principalement dans les cantons de Sainte-Sévère-sur-Indre, Aigurande, Éguzon, Saint-Benoît-du-Sault et Bélâbre, d’est en ouest; elle est bocagère, herbagère, accidentée par les vallées de l’Indre et de la Vauvre, de la Bouzanne, de la Creuse et de l’Anglin, qui y introduisent plusieurs sites pittoresques et recherchés; les principaux sont ceux d’Éguzon et du lac Chambon, de Gargilesse un peu en aval, dans l’arrière-pays d’Argenton-sur-Creuse.
La Marche est précédée au nord par une dépression périphérique dégagée dans les marnes du lias, qui prolonge vers l’ouest les dépressions du sud du département du Cher (Aubois Germigny) et correspond au Boischaut, ou plus précisément Boischaut du Sud, parfois dénommé Vallée Noire depuis les descriptions de George Sand. De la sorte, toute la partie méridionale du département est verdoyante, orientée vers les élevages à viande et laitiers, avec une population assez peu dense et qui tend à diminuer; ses principaux centres de services sont La Châtre, Argenton-sur-Creuse et Le Blanc, bien que celle-ci soit dans une situation plus ouverte et plus variée à proximité du Poitou, de la Brenne et de la Touraine.
La Brenne est entièrement dans le département de l’Indre et se définit par ses sols et ses paysages comme une contrée d’étangs, de landes et de bois, apparentée à la Sologne et pour des raisons voisines, tenant à la présence d’épandages sableux et plats issus du Massif Central à l’éocène. Mais, à cause de son éloignement de Paris et du Val de Loire, elle n’a pas bénéficié d’autant investissements et a bien moins de châteaux; cela lui vaut en revanche d’accueillir de discrètes installations de défense, des réserves de végétaux et d’animaux, un Parc naturel et des touristes paisibles. Un peu à l’ouest et surtout au nord de la Brenne s’étendent des Gâtines, parfois désignées sous le nom de Boischaut du Nord: le paysage y est diversifié : forêts, bois, composé de haies vives, d’étangs, de mares, de prairies humides et de surfaces agricoles. Cette herbage favorise l’élevage bovins, ovins et caprins et la présence d ‘exploitations céréalières. Les fermes sont très dispersées et les bourgades y sont fort discrètes: certes Valençay est connue, mais elle n’a pas 3 000 habitants.
Le reste du département, soit environ le quart nord-est, appartient aux plus opulentes campagnes céréalières ouvertes qui forment la partie occidentale de la Champagne Berrichonne. Les deux principales villes de l’Indre y trônent au milieu des champs, où elles ont concentré des emplois industriels, des bureaux et même des établissements d’enseignement supérieur, bien qu’Issoudun ait sans doute plus d’ambitions que de moyens réels. La division statistique en régions agricoles consacre cette distribution géographique, que rejoint aussi le dessin des pays officiels; la principale différence tient à ce que les pays ignorent le Boischaut du Sud, lui ayant préféré des noms de ville (La Châtre) ou de vals (Creuse et Anglin), tandis que la division agricole étend au contraire largement le Boischaut au détriment d’une Marche réduite au canton d’Aigurande.
La préfecture, Châteauroux, se tient certes dans la Champagne, mais presque à son extrémité, et ainsi proche des trois autres grands sous-ensembles auxquels elle apporte ainsi une forme d’unité. Elle est au centre d’une étoile de routes où se croisent trois liaisons interdépartementales. L’axe majeur, nord-sud, est la radiale parisienne qui va jusqu’à Toulouse: passant par Orléans et Vierzon, et dans l’Indre par Vatan, Châteauroux et Argenton-sur-Creuse, elle associe la voie ferrée et l’ancienne N 20, devenue A 20. Une deuxième voie suit le cours de l’Indre, de Tours (N 143) à La Châtre puis à Montluçon et Clermont-Ferrand ou Lyon. La troisième relie Bourges à Poitiers par la N 151; Issoudun et Le Blanc y relaient Châteauroux. Un rayon de moindre importance relie Châteauroux à Blois par Valençay. C’est là un réseau convenable pour un département qui n’est pas très peuplé et où le relief et le rang des cours d’eau rend les circulations plutôt faciles.
Si l’Indre est le second département de la région Centre par son étendue, il est le tout dernier par sa population comme par son poids économique, et donc de loin le moins dense. Son produit annuel est inférieur à 5 milliards d’euros et ses résultats sont sensiblement inférieurs à ceux des cinq autres départements, qu’on les rapporte au nombre des habitants (l’équivalent de 18 056 euros en l’an 2000 contre 24 764 au Loiret ou, à plus forte raison, au nombre d’emplois (46 546 euros contre 54 459 à l’Eure-et-Loir). Ce n’est pas qu’en dépit de la Brenne il ait tellement de surfaces incultes: il est 5e sur les six départements pour le taux de boisement (17%) devant le seul Eure-et-Loir. C’est seulement qu’il n’a pas reçu autant d’investissements que ses voisins dans le passé lointain et dans les temps récents, qu’il est moins urbanisé et qu’il reste à l’écart des flux les plus intenses. Son agriculture, bien qu’elle tienne une assez grande place dans les effectifs (19 000 personnes, et 8,6% des travailleurs du département), au point de l’y hisser au second rang derrière l’Indre-et-Loire, le laisse bon dernier par le produit (520 millions d’euros de produit brut, 206 millions de valeur ajoutée brute), avec par conséquent un résultat par travailleur très au-dessous des départements voisins (18 200 euros), plus de deux fois inférieur à celui de l’Eure-et-Loir: ce n’est ni la Beauce des grands champs ni la Touraine des cultures intensives, et les structures agricoles sont bien plus morcelées, les exploitations agricoles nettement moins «riches» que chez les voisins. L’élevage d’ailleurs y tient plus de place: 40% du produit agricole, le département étant le premier de la région sur tous les postes (216 000 bovins, 88 000 porcins, 43 000 caprins, 119 000 ovins) sauf les volailles, et avec une forte proportion d’ovins et peu de volailles. Dans les labours, les oléoprotéagineux ont plus de place que chez les voisins (77 000 ha, 3e rang régional), le blé moins (4e de la région avec 120 000 ha et 7,6 Mq/an), les cultures industrielles sont rares; la vigne compte très peu (800 ha dont 250 d’appellation).
Moins de blé et guère de betteraves, peu de cultures spécialisées et beaucoup de moutons, des exploitations plus petites et plus peuplées: cela décrit bien une infériorité structurelle au sein de la région.
Dans l’industrie et les services, l’Indre est aussi en dessous des moyennes régionales, loin des départements métropolitains du Loiret et de l’Indre-et-Loire. Les salaires moyens sont bas, inférieurs à ces moyennes, elles-mêmes au-dessous des moyennes nationales. Cela avait valu, à Châteauroux et à Issoudun surtout, d’attirer quelques industries dites de main-d’oeuvre. La filière textile-cuir-habillement y avait pris de l’ampleur, jadis marquée par les entreprises Boussac et les Cent Mille Chemises: elle a beaucoup souffert et ne réunit plus guère que 1 800 salariés. Châteauroux avait pu profiter de la filière de l’armement, un peu comme Bourges, Vierzon et Romorantin mais à sa façon, dans l’aéronautique: elle a subi les mêmes restrictions. L’emploi industriel total est d’environ 15 600 salariés; il reste dominé par une filière ancienne, la métallurgie (3 100 sal.), suivie et complétée par l’automobile et l’aéronautique (2 700), puis la chimie et la parachimie (2 400) devant l’agro-alimentaire (1 700) et l’électricité-électronique (1 200). Ces nombres sont plus à la mesure d’une ville moyenne que d’un département: mais il est vrai que l’Indre est nettement moins peuplée que les seules agglomérations de Tours ou d’Orléans.
L’Indre passe pour «rurale» et se flatte d’ailleurs d’être fort bien classée parmi les départements calmes (11e de France pour le taux de délinquance) et le faible prix des logements (6e de France). Ses habitants se disent volontiers «en Berry», bien plus que ceux du Cher, marquant par là sans doute une tradition dans l’identité, une moindre sensibilité aux autres images. Elle met en avant ses charmes paysagers, ses réserves naturelles, ses sites, ses fêtes agrestes de l’escargot (Cluis), de la pomme de terre (Crevant), de la chèvre (Fougerolles) ou sa Foire du Tout d’Issoudun – une grande braderie. Ce n’est pas pour les foules, et ce n’est d’ailleurs pas ce qui est recherché; du moins les amateurs de randonnées et de loisirs paisibles et instructifs ont beaucoup à y découvrir.
La Brenne est le pays des étangs, le Boischaut méridional est le pays des ruisseaux, la Champagne est le pays des champs, les Gâtines de l’Indre pourraient bien être le pays des rivières et des mares…