Dimanche 21 avril 2024, Palluau-sur-Indre. Quelques voitures sont déjà garées le long de la petite route qui mène au château. Dans une heure débutera la vente aux enchères de meubles et d’objets d’art du domaine. A l’intérieur de la propriété, Jean-Roger Morvan est un peu tendu avant de vendre une partie de son patrimoine.

A ses côtés, Denis Herbette et Rachid Sebaï, commissaires-priseurs de la maison Herbette spécialisée dans les meubles anciens, s’apprêtent à rejoindre la dépendance principale, juste à l’entrée du château, où se déroulera la vente aux enchères.
100 000 à 150 000 € de meubles et objets vendus

A 14h30, tout le monde est en place. Les commissaires-priseurs et leurs quatre adjoints, en charge des plateformes Drouot et Interéchés, mais aussi des procès-verbaux de vente, des bordereaux d’acheteurs et des enchères téléphoniques, font face à un large public d’environ 80 personnes, venues des environs. .

La vente commence avec beaucoup de charrettes et de taxis. Denis Herbette est aux commandes et réchauffe la salle. « Vous ne voulez pas que ce chariot soit installé dans votre salon ? » » plaisante-t-il, marteau à la main, histoire de détendre l’ambiance.

« 100€ le prix de départ, c’est un cadeau, il continue. Et ce corbillard en fer à 600 €, tout le monde veut ça à la maison, il faut y penser pour nos vieilles années. » La salle se détend, les mains se lèvent, les enchères montent et les ventes commencent.

Environ 80 personnes ont participé physiquement à la vente aux enchères de meubles et d’objets d’art du château de Palluau.
© Photo NR, P.-YR

Les 208 lots mis en vente ce dimanche ont été exposés tout le week-end dans le château qui a reçu des visites de 200 à 300 personnes. « Nous prévoyons trois heures de ventes, indique Denis Herbette, nous fabriquons 65 lots par heure. Deux tiers d’entre eux partiront via des plateformes Internet ou par téléphone. Quant à l’estimation globale, elle oscille entre 100 000 € et 150 000 €. »
Une belle animation

Sur chaque lot vendu, l’acheteur devra ajouter 25% du prix qui servira aux honoraires de la Maison Herbette (18%) et aux taxes payables à l’Etat (7%). Denis Herbette, professionnel, a pensé cette vente avec Jean-Roger Morvan, client depuis plus de vingt ans. « Je lui ai vendu en partie les meubles qui ornent les pièces de sa propriété, souligne le commissaire-priseur. Nous avons préféré vendre sur place plutôt qu’en salle des ventes. Aujourd’hui, ils sont presque vides. Et puis, remettre les choses dans leur contexte, c’est plus beau. Ici, il y a une belle dépendance pour cet événement. »

Car à Palluau, cette vente aux enchères est un petit événement. “Ça fait une belle animation”, assure cette dame, venue de l’étranger avec son mari et son fils. Dans la salle, certains ont parcouru jusqu’à 90 km pour assister à la vente. D’autres sont simplement venus par curiosité.

La vente aux enchères a débuté par une collection de fiacres et de charrettes exposées à l’entrée du château de Palluau.

Un fin connaisseur, Denis Herbette, tombe amoureux de quelques pièces du château. « J’ai un faible pour la demi-armure qui semble sortir du puits de la cour du château. Mais mon préféré est une très jolie pièce Louis XIII, un meuble en bois noirci originaire des Flandres. »

Au fond de la salle, Jean-Roger Morvan s’est assis discrètement et observe le déroulement de cette vente aux enchères presque unique à Palluau-sur-Indre. Dans quelques mois, son château devrait être vendu. Mais le propriétaire qui a restauré cet édifice du Moyen Âge le répète sans cesse : « Il n’est pas question de le vendre à quelqu’un qui détruira ce que j’ai commencé. »

M. Morvan se donne le droit de revoir son successeur. La vente pourrait donc prendre encore quelques mois.

La Nouvelle République