Le muséum de Bourges sonne l’alerte : les éoliennes tuent de plus en plus de chauves-souris. La multiplication des parcs et surtout l’agrandissement des pales constitueraient une menace toujours plus grande pour ces mammifères.
Laurent Arthur, conservateur adjoint du muséum de Bourges voit d’un très mauvais oeil la nouvelle génération de machines : des éoliennes à garde basse dont les pales, très grandes descendent de plus en plus bas, là où volent un maximum de chauves-souris : ” Avant, le bas des pales descendait à 45 mètres du sol et maintenant les industriels produisent des machines qui descendent à dix mètres du sol (généralement vingt mètres). Avant, on tuait avec les éoliennes, des espèces de haut vol. Maintenant, on va commencer à toucher toutes les espèces.”
Les dispositifs de bridage (qui arrêtent les machines quand les conditions de vol des chauves-souris sont les plus favorables) ne sont pas suffisants estime Laurent Arthur, d’autant que toutes les éoliennes n’en sont pas équipées : ” On a beau brider, on sauvera 90 % de la mortalité, mais si on multiplie par deux ou par trois, le nombre de machines, on réaugmentera cette mortalité. On est dans une espèce de quadrature du cercle.”
Laurent Arthur en appelle au renfort des ornithologues, qui sont selon lui, sont également concernés par cette problématique : ” Les merles, les grives, les roitelets, les rouges-gorges, paient déjà un lourd tribut, mais cela risque de s’aggraver encore. A baisser les pales, on va accentuer le nombre d’espèces concernées.” Un gâchis qui fait d’autant plus mal que tous les efforts de préservation des chauves-souris depuis trente ans, avaient donné des résultats très probants. Les éoliennes provoquent la mort des petits mammifères dont les organes internes explosent à cause de la pression de l’air provoquée par la rotation des pales.
France Bleu du 12 septembre 2020