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Pollinisateurs : l’alerte de l’IPBES

Jamais les pollinisateurs n’ont été aussi menacés, et jamais l’humanité n’a autant eu besoin d’eux: tel est le constat de la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), dans son premier rapport publié vendredi 26 février à l’occasion de sa quatrième réunion plénière, à Kuala Lumpur (Malaisie).
Certes, tout le monde le sait: les pollinisateurs sont en danger, mais cette fois, c’est l’IPBES qui le dit. Car le «Giec de la biodiversité», comme il est fréquemment surnommé, est enfin en ordre de marche. Et ses premiers mots sont pour les abeilles, dont le déclin mondial pourrait avoir des retombées catastrophiques pour l’homme.
Dans son résumé pour les décideurs, l’IPBES rappelle d’emblée l’importance qu’ont les pollinisateurs pour l’agriculture: plus de trois quarts des principaux types de culture dépendent de la pollinisation, équivalant à environ un tiers des surfaces agricoles.
En tout, 5% à 8% de la production agricole mondiale est directement liée à la pollinisation, pour un total annuel estimé entre 235 et 577 milliards de dollars. Or du fait de la croissance de la production agricole, la dépendance à la pollinisation s’est accrue de plus de 300% ces cinq dernières décennies.

UN DÉCLIN MONDIAL
Autant dire que, avec la poussée démographique en cours, ce n’est pas vraiment le moment de pousser les pollinisateurs au déclin. Pourtant, c’est bien ce qui se passe: en Europe et en Amérique du Nord, de nombreuses espèces d’abeilles sauvages et de papillons filent un mauvais coton. Les données sont plus disparates pour les autres continents, mais plusieurs études montrent des déclins au niveau local.
Les causes sont diverses, comme l’a pointé l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) dans un avis publié en septembre 2015. Pour l’IPBES, ce phénomène est aussi multifactoriel: il s’explique par la dégradation de l’habitat, par les pesticides (au premier rang desquels les néonicotinoïdes), par les pathogènes dont le varroa, par les espèces invasives comme le frelon asiatique, ou encore par le changement climatique.
L’IPBES pointe par ailleurs des effets moins connus, par exemple ceux des herbicides: en réduisant l’abondance et la diversité des plantes à fleurs, ils affectent indirectement les populations de pollinisateurs, qui ne trouvent plus assez à se nourrir.

QUEL IMPACT DES OGM?
D’autres effets demeurent étonnamment peu connus, par exemple ceux des OGM. Selon l’IPBES, il semble probable que les plantes transgéniques résistantes aux herbicides, en incitant l’usage de ces produits, aient un effet négatif, sans que la question ait jamais été tranchée. A l’inverse, les experts penchent pour un effet plutôt positif des OGM résistants aux insectes, mais ne disposent pas de données suffisantes à ce sujet.
Lorsqu’il n’emploie pas de substances chimiques ou n’utilise pas d’OGM, l’homme peut aussi nuire aux insectes pollinisateurs en en faisant commerce, par exemple pour l’apiculture. L’IPBES cite ainsi le cas de pollinisateurs d’Amérique, du Nord comme du Sud, qui ont souffert de l’introduction de leurs cousins de l’Ancien monde. Et une étude publiée début février a révélé que le virus des ailes déformées (DWV) s’était mondialisé grâce au commerce de l’Apis mellifera européenne.
Comment freiner ce déclin? Selon l’IPBES, par des recommandations très générales de changement de pratiques agricoles: soutien aux systèmes de production biologique, diversification des cultures, réduction de l’usage des pesticides et prévention de leur dérive lors de l’application, mise en place de bandes de plantes à fleurs en bordure des champs.
Après les pollinisateurs, l’IPBES prévoit de publier, toujours en marge de Kuala Lumpur, un deuxième rapport, sur l’évaluation des scénarios et modèles de biodiversité. Les prochains, publiés en 2018, auront trait à la dégradation des terres et à l’évolution régionale de la biodiversité.
JDLE

2016-04-10T19:54:12+01:00février 26th, 2016|Biodiversité|Commentaires fermés sur Pollinisateurs : l’alerte de l’IPBES

Le bio gagne du terrain en région centre

Elles sont 156 exploitations agricoles certifiées bio en Loir-et-Cher. La dynamique de conversion et d’installation s’accélère et touche désormais tous les secteurs. Céréaliers, maraichers, viticulteurs, éleveurs… sont attirés par cette méthode de production sans pesticides qui permet de vendre ses produits plus chers et de toucher des aides supplémentaires.

En dépit de ses vertus en matière de respect de l’environnement et de préservation de la biodiversité, l’agriculture biologique est souvent reléguée au rang d’alternative marginale, définitivement incapable de nourrir les plus de neuf milliards d’humains que comptera la planète en 2050.
Et pourtant, le phénomène bio s’accélère. En sept ans, les surfaces cultivées ont plus que doublé. Elles ont dépassé le million d’hectares fin 2015 soit 4,6 % de la surface agricole française. La crise sans précédent que traverse l’élevage a boosté l’agriculture bio. Au cours des six premiers mois de l’année 2015, le nombre de fermes bio a augmenté de 8 % par rapport à la même période, l’an dernier. Un chiffre multiplié par deux en sept ans.
« Cet engouement des paysans pour l’agriculture bio n’est pas dû au hasard » explique Alexandre de la Crompe, président du groupement des agriculteurs bio du Loir-et-Cher (Gablec). L’environnement économique, et notamment la crise de l’élevage, a accéléré les décisions des agriculteurs pour passer du système conventionnel au système bio. Celui-ci leur permet de toucher des aides complémentaires de la PAC. »

S’il faut trois ans pour qu’une exploitation soit certifiée bio, le temps que les sols éliminent les traces de pesticides, les aides à l’installation et à la conversion sont concédées pour cinq ans. Les subventions de maintien prennent, dès lors, le relais.
Comme Alexandre, maraicher à Saint-Lubin en Vegonnois, au nord de Blois, les agriculteurs, près de 30 000 aujourd’hui à avoir fait le grand saut, ne le regrettent pas. « Nous valorisons mieux notre production auprès des consommateurs que le système conventionnel. Je vends mes légumes en circuit court et j’arrive à vivre correctement de mon métier et à développer mon exploitation. Avec moins de pesticides en plus » se réjouit Alexandre.
En effet, à l’autre bout de la chaîne, le marché est porteur et la demande en forte progression. Les consommateurs sont prêts à payer plus pour la qualité. Globalement, les ventes d’aliments bio (5,5 milliards d’euros en 2015) ont progressé de 10 % en 2015. « Les ventes bio sont en hausse dans tous les circuits de distribution et tous les produits, fruits et légumes, viande, lait et pains », se félicite Alexandre de la Crompe.

« De plus, ce dynamisme permet aux consommateurs de disposer d’une offre bio très majoritairement française. 76 % des produits bio consommés en France sont made in France, soit 20 % de plus qu’il y a 7 ans. » L’Hexagone a même dépassé l’Allemagne dans ce domaine et se classe troisième pays bio de l’Union européenne, réunissant 10 % des surfaces bio cultivées.
« Ce qu’il faut comprendre, c’est que ce n’est pas seulement l’agriculture que nous sommes en train de repenser. C’est tout notre système de production, mais aussi de distribution, de transport et de consommation des aliments. Oui, c’est une révolution, elle est nécessaire et marche », conclut Alexandre.

D’autant plus qu’une étude américaine, publiée, mardi 9 décembre, dans les Proceedings of the Royal Society (l’équivalent britannique de notre Académie des Sciences), redore quelque peu le blason de ce mode de culture qui proscrit les intrants chimiques, engrais, pesticides et autres produits phytosanitaires. Elle conclut que le déficit de productivité des méthodes biologiques par rapport à l’agriculture intensive, ou industrielle, est moins important que ne l’affirmaient de précédents travaux. Et, surtout, qu’il est possible de réduire cet écart et ainsi mieux nourrir la planète.

Une région bio

La région Centre-Val de Loire a fait du soutien à l’agriculture biologique l’une de ses priorités en matière de politique agricole. Depuis 2014, elle est responsable du financement par le Fonds européen Agricole pour le Développement rural des aides aux agriculteurs à l’hectare pour la conversion ou le maintien à l’agriculture biologique.
Dans ce cadre, la Région soutient notamment la conversion à l’agriculture biologique. En 2013, elle a ainsi mis en place le dispositif « CAP Conversion », permettant de sécuriser la période de conversion et d’accompagner l’agriculteur de l’élaboration de son projet à la mise en œuvre durant les 3 premières années. Depuis 2007, la Région soutient près de 300 agriculteurs chaque année pour l’obtention de la certification biologique.
La Commission permanente régionale, réunie le 5 février 2016, a décidé de soutenir 34 certifications biologiques

[9 dans le Cher ; 2 en Eure-et-Loir ; 2 dans l’Indre ; 9 en Indre-et-Loire ; 2 en Loir-et-Cher et 10 dans le Loiret], pour un montant global de 11360 €.

2017-02-05T18:54:14+01:00février 15th, 2016|Agriculture|Commentaires fermés sur Le bio gagne du terrain en région centre
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