La méthanisation est un procédé biologique de dégradation de la matière organique. Une réaction naturelle qui peut être optimisée dans des enceintes fermées et contrôlées. En résulte du biogaz, composé principalement de méthane, et un résidu appelé « digestat » qui peut être utilisé en tant que fertilisant agricole. Les intérêts sont multiples : recycler les déchets organiques, le procédé permettant d’utiliser des résidus de l’industrie agroalimentaire, des ordures ménagères, des boues de station d’épuration et des déchets et effluents agricoles ; produire de la chaleur, de l’électricité ou du gaz naturel ; capter des gaz qui se seraient dispersés dans l’atmosphère.

Diversifier productions et sources de revenus
La combustion du méthane récupéré produit certes de la vapeur d’eau et du CO2, deux gaz à effet de serre ; mais le pouvoir d’absorption de chaleur du CO2 est vingt-trois fois plus faible que celui du méthane. Quitte à relâcher un gaz dans l’atmosphère, autant que ce soit du CO2 plutôt que du méthane, donc.
Pour l’agriculteur, la méthanisation permet de mieux gérer ses effluents, d’accroître son autonomie énergétique et de diversifier ses productions et sources de revenus.« Je crois sincèrement que les énergies renouvelables peuvent être une chance pour l’Indre, a ainsi confié Xavier Péneau, préfet de l’Indre, lors d’une récente réunion destinée à promouvoir le procédé, à condition bien sûr d’être attentifs à la préservation de certains équilibres. » La méthanisation s’inscrit dans cette orientation : elle ne consomme pas de terres agricoles et n’impacte pas le paysage, deux griefs opposés aux parcs photovoltaïques et aux éoliennes par leurs détracteurs. « Elle me paraît particulièrement adaptée car elle est peu consommatrice d’espace, dispose d’un fort potentiel et utilise de la biomasse disponible dans le département. »
Pour répondre aux objectifs nationaux en la matière – une multiplication par cinq de la production d’énergie et par sept de la production de chaleur d’ici 2020 –, la préfecture de l’Indre a donc lancé deux dispositifs destinés à favoriser l’émergence de nouvelles installations : un guide complet et la mise en place d’un guichet unique, destinés aux porteurs de projet. Le premier expose les grands principes de la méthanisation ainsi que les diverses étapes administratives, la réglementation en vigueur ou encore le plan de financement. Le second permet à l’agriculteur de disposer d’un interlocuteur unique qui se chargera de contacter les différents services concernés.

le chiffre
197

C’est le nombre d’unités de méthanisation recensées en France à ce jour, dont 41 à la ferme, et 36 sont en cours de construction. Des chiffres en hausse puisqu’elles n’étaient que 11, il y a 5 ans. Cette croissance est cependant très limitée. A titre de comparaison, l’Allemagne, leader européen en la matière, en compte 5.000.

biodiversité
” Un autre monde est indispensable “
Réuni à Poitiers, la semaine dernière, pour les États généraux abeilles, semences et biodiversité, un collectif regroupant citoyens, paysans et organisations de la société civile, a lancé un plaidoyer pour la sauvegarde de la biodiversité, dénonçant un modèle agricole qui repose « sur une vision dans laquelle la terre n’est considérée que comme un support inerte maintenu sous perfusion par les engrais et les pesticides chimiques, et les écosystèmes comme des ressources à exploiter et non des organismes vivants dont nous faisons partie ». Parmi ses revendications figurent l’interdiction des OGM et de certains insecticides, la refonte totale des procédures d’évaluation des pesticides et une pénalisation forte de toute pollution, afin de « sauver les abeilles, les autres pollinisateurs et la biodiversité ».
Le collectif demande également l’interdiction de tout brevet sur le vivant, un accès à la terre « maîtrisé et équitablement réparti », ou encore des mesures fortes d’incitation aux pratiques alternatives à l’utilisation des pesticides, ainsi que la liberté d’utilisation des semences. « Un autre monde n’est pas seulement possible, il est indispensable. »

NR du 03/07/2012