Dans le canton, les premiers projets éoliens ont mis plus de dix ans pour aboutir. Mais avec les réformes, ces parcs s’avèrent moins lucratifs que prévu.

Quand la zone de développement aérien a été créée dans le canton de Vatan, les élus avaient fixé des limites. « Personnellement, je trouve les éoliennes jolies à condition qu’elles ne soient pas trop nombreuses. Il n’a jamais été question de faire une forêt. On a toujours dit qu’il n’y aurait pas plus de 50 éoliennes sur le canton », rappelle Yves Fouquet, maire de Vatan.

Si tous les projets en cours voient le jour (lire notre encadré), le seuil ne sera pas loin d’être atteint, voire dépassé. Pour l’heure, la question ne se pose pas. Seul le parc de Vatan-Liniez est en activité. Le second à voir le jour devrait être celui de Ménétréols, dont les travaux pourraient débuter au printemps. Gérard Pion, maire, a trouvé le temps long. « Le projet a mis douze ans pour aboutir. Il a été retardé par les multiples procédures engagées par les anti-éoliens. Ces éoliennes, nous les attendons. Elles vont donner une bouffée d’oxygène au budget de la commune. »

Mauvaise nouvelle
Pour autant, l’élu en est conscient, cette « bouffée d’oxygène » sera toute relative. En une décennie, la réforme de la taxe professionnelle a changé la donne. Son voisin, Yves Fouquet, vient d’en faire l’expérience. La mauvaise nouvelle est tombée il y a quelques semaines. « La commune devait toucher 28.000 € en 2011 avec les éoliennes. Les services fiscaux nous ont finalement avertis qu’on ne touchera rien la première année de fonctionnement. Aucune explication ne nous est donnée. La communauté, elle, devrait toucher annuellement autour de 100.000 €, si rien ne change d’ici là. On est loin des 450.000 € qu’on aurait dû percevoir avec la taxe professionnelle. » Quand il entend évoquer le possible doublement du parc Vatan-Liniez, Yves Fouquet reste circonspect.« Je ne sais pas si je le verrais un jour. Si on doit repartir sur des recours administratifs à n’en plus finir », lâche l’élu. De son côté, la société EDP confirme que le projet est dans les cartons. « On part sur une ligne supplémentaire de dix éoliennes,précise Didier Fillâtre, chargé du développement de l’éolien pour la société EDP. Nous allons en discuter dans les prochains mois avec les deux communes concernées, former un comité de pilotage. Il faut compter au moins un an d’études. La construction ne commencera pas avant fin 2013, début 2014. » Sauf nouveau bras de fer judiciaire avec les anti-éoliens…

repères
Vatan-Liniez. Le parc de onze éoliennes (cinq à Liniez et six à Vatan) a été inauguré en septembre 2011. Il a produit en 2011, 60 giga-watt par habitant, soit l’équivalent de la consommation électrique de 59.000 habitants. Des études sont lancées pour installer une ligne supplémentaire de dix éoliennes sur ce parc. > Fontenay. Le projet de cinq éoliennes accepté par le préfet de l’Indre a reçu fin 2011 l’avis défavorable du préfet de Région. > Giroux-Luçay-le-Libre. Le projet prévoit deux éoliennes à Giroux et six à Luçay (cinq ont été acceptées par le préfet de Région et quatre font l’objet d’un recours devant le tribunal administratif). > Saint-Pierre-de-Jards. Un permis de construire a été déposé pour huit éoliennes. > Ménétréols-sous-Vatan. La construction du parc pourrait débuter au printemps. Treize éoliennes sont prévues sur Ménétréols et quatre sur Lizeray. > Meunet-sur-Vatan/Reboursin. Un projet de cinq éoliennes est dans les cartons.

initiative

Ils produisent leur électricité
A Reboursin, une grande partie des bâtiments de l’exploitation d’Éric Van Remoortere est couverte de panneaux photo- voltaïques. Objectif du responsable du Gaec de La Marzan- L’Abeaupinière : obtenir le maximum d’autonomie pour son exploitation afin de réduire et maîtriser les coûts de production. L’exploitation porte sur 230 hectares de culture, 200 hectares dédiés à l’alimentation du bétail et une production de 4.500 porcs par an. Dans cette logique de gestion, des investissements ont été faits notamment dans le chauffage, la gestion de l’eau, la fertilisation des terres et, depuis le 13 décembre 2011, dans la production d’électricité. Les toitures des bâtiments existants ont été utilisées pour l’installation de panneaux photovoltaïques. L’exploitation compte 1.550 m² de panneaux photovoltaïques qui assurent une production annuelle d’environ 235.000 kW. Cette énergie est vendue. La durée de vie estimée des panneaux est de 20 ans avec des garanties de production à 85 % sur 18 ans. Ce projet collectif est mené par une association d’une quarantaine de producteurs installés dans les départements de la Haute-Vienne et l’Indre. Sur leur propriété, 25.000 m² de panneaux ont ainsi été installés, ce qui représente une puissance totale de 3 MW.

NR du 23/02/2012