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Début juillet, le ministère de l’Agriculture a tranché. Le pesticide Cruiser OSR, utilisé pour l’enrobage des semences de colza, est maintenant interdit en France. Une décision motivée par l’étude rendue par l’Agence de sécurité sanitaire de l’alimentation et l’environnement (Anses), qui dénonce l’impact néfaste de ce produit sur les abeilles.

“ Revenir à une méthode de pulvérisation moins efficace et qui demande plus de travail ”

Présidente de l’association Terre d’abeilles, Béatrice Robrolle-Mary a longtemps milité pour l’interdiction du Cruiser. Maintenant que celle-ci est acquise, elle fait part de sa satisfaction : « On se réjouit de la décision du ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll. Les abeilles se développent en grande partie grâce au colza, et nous, apiculteurs, avons observé depuis longtemps le caractère néfaste du Cruiser sur celles qui reviennent à la ruche. »
Bernard de Verneuil, céréalier près de Buzançais, ne l’entend pas de cette oreille. Sans le Cruiser, il estime pouvoir perdre jusqu’à deux quintaux de colza par hectare. Et quand on lui rapporte les propos de l’apicultrice, il bourdonne : « Le rapport de l’Anses ne demande à aucun moment l’interdiction du Cruiser. Les expérimentations qui ont été menées ont exposé les abeilles à des doses démesurées. Ce rapport recommande de poursuivre les recherches afin de se rapprocher de la réalité. Pour moi, cette étude a été détournée, et la décision d’interdire le Cruiser est totalement arbitraire. »
Philippe Demiot n’est pas encore concerné par cette décision. Céréalier au Blanc, il n’utilise le pesticide que sur le maïs. Pour le moment, l’interdiction touche seulement le colza, mais il possède quand même un avis sur la question : « Au lieu d’avoir une protection efficace pendant un mois et demi, il faudra revenir à une méthode de pulvérisation moins efficace et qui demande plus de travail. » Il réagit aussi au souhait émis par les défenseurs des abeilles de voir s’étendre l’interdiction du Cruiser jusqu’au maïs. « Je ne vois pas l’intérêt. Le maïs n’est pas une plante à fleurs, les abeilles ne le butinent pas. »
« C’est faux !, répond Béatrice Robrolle-Mary. Si les abeilles ne récoltent pas de nectar sur le maïs, elles le butinent pour rapporter du pollen dans la ruche, nécessaire pour nourrir les larves. Il faut que les études qui ont permis l’interdiction du Cruiser sur le colza soient poursuivies sur le maïs. Cette décision n’est qu’une victoire d’étape. Il faut maintenant que la France s’oriente vers une véritable agriculture durable. »

NR du 10/07/2012