Une unité de production de biogaz va être installée à Beauval. Elle utilisera les déjections des animaux pour produire de la chaleur et de l’électricité.

Les pensionnaires du zoo de Beauval ne s’en doutent pas, mais ils vont fournir le combustible destiné au chauffage de leurs logements ! C’est en effet avec leurs déjections que sera alimentée, en partie, la prochaine usine de méthanisation destinée à fournir la plus grande part de l’énergie consommée sur le site.

Le projet sortira de terre au début de l’été prochain. Mais l’équipe de direction y travaille depuis plus de deux ans. « Ce genre d’installation implique des études, des démarches administratives, des autorisations. C’est un processus lourd, et parfois ingrat » souligne Rodolphe Delord, patron du zoo. L’idée de départ : mieux valoriser les quelque 5.000 tonnes annuelles de fumier produites par les animaux.
Guillaume Pasquier, chef de projet chez Ledjo Énergie, bureau d’études spécialisé dans la production de biogaz, a conçu le plan de l’installation. « Elle consommera 10.000 tonnes de matières par an. Pour trouver le complément, nous avons passé un accord avec des agriculteurs situés dans un rayon de 5 km au sud de Beauval. »

“ L’installation couvrira près des 2/3 des besoins en chaleur ”

La diversification des apports fait partie des clés d’un bon fonctionnement. Outre les fumiers animaux, les fosses de stockage recevront donc des déchets verts, du lisier de porc, des fonds de silos à céréales. Toutes ces matières mélangées et portées à 37 degrés subiront un lent processus de fermentation sous l’effet des bactéries qu’elles contiennent.
Le méthane dégagé alimentera un moteur de cogénération relié à un alternateur. Cette installation produira à la fois de l’eau chaude et de l’électricité. La première alimentera les réseaux de chauffage des trois serres d’animaux tropicaux. La seconde sera revendue à EDF. « En saison froide, l’installation couvrira à peu près les deux tiers de nos besoins en chaleur. Elle nous permettra d’économiser 200.000 € de gaz naturel et produira une recette annuelle de 700.000 € pour l’électricité » calcule Rodolphe Delord.
Une affaire rentable donc, et qui justifie l’investissement prévu de 2,3 M€, avec une participation d’Oséo pour sa dimension écologique. Car au-delà des chiffres, l’unité de méthanisation de Beauval veut illustrer la volonté de l’établissement de travailler dans un esprit de développement durable. « La combustion du méthane ne produit que de la vapeur d’eau » souligne Guillaume Pasquier. « Et les matières fermentées donnent naissance à un compost biologique excellent pour l’agriculture. » Tout le monde y gagne. Et personne ne s’offusquera plus de voir des lamantins barboter dans une eau à 28 degrés au cœur de l’hiver !

NR du 13/03/2013