La dernière étude de l’Inra sur les néonicotinoïdes confirme la nocivité de ces produits sur les abeilles. Depuis des années, les apiculteurs attendent d’être entendus, de nombreuses études étant déjà incontestables, pour reconnaître la nocivité de ces nouveaux pesticides et les interdire. Le ministère n’a opposé que mépris en continuant accorder des autorisations que le Conseil d’Etat à jugées illégales, à deux reprises pour ces poisons qui détruisent les abeilles et les apiculteurs qui travaillent avec.

Un pesticide ( le Cruiser OSR) très utilisé dans le monde depuis les années 1990 est nuisible aux bourdons et aux abeilles, des pollinisateurs de cultures importantes pour l’alimentation humaine, révèlent deux études – française et britannique – publiées dans la revue américaine Science datée du 30 mars. Ces insectes connaissent depuis quelques années une importante dépopulation, notamment en Europe et aux États-Unis, et les entomologistes avancent différentes hypothèses, dont celle des pesticides, pour expliquer le phénomène.

L’équipe française, menée par Mickaël Henry de l’Institut national pour la recherche agronomique (Inra) à Avignon, a placé une puce électronique sur des abeilles afin de suivre leurs allées et venues. Elle a ensuite donné à certaines d’entre elles une dose de thiamethoxam (famille des néonicotinoïde) et constaté qu’elles avaient du mal à retrouver leur ruche – le pesticide interférant avec leur système cérébral de géolocalisation -, ce qui a entraîné la mort d’un grand nombre d’entre elles.

Une fois cette mortalité prise en compte, un modèle mathématique a prédit que les populations d’abeilles exposées au pesticide chutaient à un niveau ne permettant plus leur rétablissement.

En réponse, le ministère veut « lancer la procédure de réévaluation de l’autorisation de mise sur le marché du Cruiser OSR » !

Le thiamétoxam, matière active du Cruiser est classé cancérigène probable et perturbateur endocrinien aux USA et au Canada, alors que le Cruiser OSR est vendu en France sans aucune classification toxicologique.

Combien faudra-t-il de morts avant que l’on remette en cause les processus de mise en marché qui ne profitent qu’aux firmes de pesticides au détriment de la santé des paysans et de l’équilibre de la faune et de la flore ? Que faut-il encore au ministère pour interdire immédiatement ces poisons à la veille des semis ? La confédération Paysanne exige l’interdiction immédiate de tous les insecticides systémiques de la même famille, les néonicotinoïdes.

Les décideurs auront un jour à répondre de leur complicité avec les intérêts des firmes devant tous les citoyens et les paysans.