A l’initiative du Centre national d’information indépendante sur les déchets (Cniid), plusieurs associations lanceront un appel, demain 4 juin, auprès des responsables politiques pour qu’ils développent les collectes sélectives de biodéchets en France.

3% de la population: tel est le poids (plume) de la collecte sélective des biodéchets made in France. Seulement 2,2 millions d’habitants ont le privilège de détenir une poubelle spécifique pour leurs déchets alimentaires (1). Une situation très marginale en France, due au seul bon vouloir de la collectivité responsable de la gestion des déchets (la municipalité, l’intercommunalité ou le syndicat). Ceux-ci –un peu moins d’une centaine- ont permis de valoriser 205.000 tonnes de déchets putrescibles l’an dernier, majoritairement par la production de compost (56 kilogrammes par habitant et par an selon la Fédération nationale des activités de la dépollution et de l’environnement ou Fnade).

Il faut ajouter à ces collectes les milliers d’initiatives de compostage partagé qui ont fleuri dans les écoles, les cours d’immeubles, les associations, etc. Aucune donnée chiffrée ne les comptabilise aujourd’hui, mais le nouveau site internet lancé par le Cniid (jeveuxmonbacbio.org) a pour mission de les recenser, afin qu’elles poursuivent leur essor.

Au bout du compte, ce ne reste qu’une goutte d’eau par rapport à l’Allemagne dont 50% de la population est équipée d’un collecteur de biodéchets. Une goutte d’eau également par rapport aux 16,5 Mt de résidus compostables produits chaque année en France, selon les chiffres de la Fnade, et qui sont majoritairement incinérés (70 kg/hab/an) puis stockés (44 kg/hab/an). Infime, la méthanisation ne concerne qu’1% des biodéchets.

«Parmi les freins au développement de la collecte séparée des biodéchets, on observe avant tout le désarroi des collectivités. Elles hésitent à adopter le tri mécano-biologique, un investissement lourd, sur 25 ans, alors que les critiques s’accumulent et que la réglementation européenne à venir sur la sortie du statut de déchet devrait exclure les composts qui en sont issus. Mais elles ne sont pas convaincues d’investir pour autant dans la collecte sélective car elles craignent des coûts importants», analyse Laura Caniot, chargée de mission Prévention au Cniid. Pourtant, l’association a observé que la mise en place d’une collecte sélective de biodéchets améliore la qualité du tri des autres déchets et, au final, réduit le coût global de leur traitement.

D’autres études récentes confirment le bien-fondé de l’opération. En mars dernier, l’agence européenne de l’environnement notait que l’interdiction d’enfouir des déchets biodégradables et la mise en place de collectes sélectives de biodéchets augmentaient globalement les taux de recyclage et réduisaient la mise en décharge. Même constat de la Cour des comptes européenne le 31 janvier dernier: la création d’une collecte séparée allège plus globalement la production de déchets municipaux.

Lancée demain, la campagne du Cniid est soutenue par Agir pour l’environnement, Les Amis de la terre France, l’Appel de la Jeunesse, le Comité de liaison des énergies renouvelables (Cler), la Fondation France Libertés, France Nature Environnement, Générations futures, le réseau Action-climat France, le réseau Compost citoyen, et le réseau Environnement-santé.

Déclinée en deux supports principaux –un site internet et une pétition-, elle s’adresse principalement aux autorités municipales, qui ont la compétence de mettre en place une collecte sélective, ainsi qu’au gouvernement, qui planche sur une future loi-cadre sur les déchets pour l’automne. Gageons que les prochaines élections municipales, en 2014, offriront un espace de choix à cette question.

(1) la définition des biodéchets peut varier selon les organismes. Il s’agit ici des déchets alimentaires, y compris carnés. Les déchets verts, ou de jardin, ne sont pas visés.

JDLE du 03/06/2013