Les projets d’agrandissement des centres d’enfouissement du département reposent la question de la gestion des déchets et de leur valorisation.

En pénétrant dans le bourg de Gournay, 336 habitants, rien ne laisse deviner la présence, à seulement 3,5 km au nord, du plus important Centre d’enfouissement technique (CET) du département. Installée au sommet de l’une des douces collines du Boischaut-Sud, sillonnées de haies et de parcelles destinées à l’élevage, la décharge se fait discrète. A l’exception d’une portion de quelques centaines de mètres de la route venant de Buxières-d’Aillac, elle est totalement invisible, même en cette période hivernale où les arbres dépourvus de feuilles se font plus transparents. Sur les chemins qui le ceinturent, le site est protégé des regards par une épaisse haie. Quelques mouettes patrouillent autour de la zone d’enfouissement. L’odeur reste supportable.
Dans le centre du village comme aux abords, pas le moindre panneau d’opposition à l’extension du CET. Seules les affiches d’avis d’enquête publique, qui s’achèvera demain samedi 18 février, placardées sur des poteaux autour du site, évoquent son agrandissement futur.

Capacité bien supérieure aux besoins
Le dossier d’autorisation remis à la préfecture par la Société d’exploitation de Gournay (SEG) évoque le stockage de déchets non-dangereux « à hauteur de 85.000 tonnes par an pour une capacité totale de stockage de 2.073.204 m3 et pour une durée de vie de vingt ans ». Il s’étendra sur une surface clôturée de 55 ha dont 13,9 destinés au stockage des déchets. Un dossier visiblement solide qui répond aux normes en vigueur et qui a d’ailleurs reçu un avis favorable de l’Autorité environnementale. La SEG justifie sa demande « afin de répondre aux besoins futurs de traitement des déchets tels qu’ils sont établis par le Plan départemental d’élimination des déchets ménagers et assimilés du département de l’Indre, ainsi que des déchets non dangereux des entreprises ». Seul écueil : ce projet ne tient pas compte de l’agrandissement du CET de Châtillon-sur-Indre, entériné en décembre dernier par la préfecture. Avec ces deux extensions, la capacité d’enfouissement du département serait très nettement supérieure à ses besoins (lire ci-dessous). Roger Aufrère, maire de Gournay et conseiller général, reconnaît que « c’est une question sensible ». Le projet fut d’ailleurs discuté mardi dernier, en conseil municipal. En poste depuis 1989, il se souvient avoir « dit oui du bout des lèvres », mais garde un sentiment « très mitigé : Gournay a-t-il vocation à devenir la poubelle du département, ou d’une partie en tout cas ? »

le chiffre

136.513

C’est, en tonnes, la quantité de déchets ménagers et assimilés collectés dans le département. Un chiffre qui date de 2008 et correspond à 551 kg par an et par habitant, à comparer avec la moyenne nationale de 594 kg par an par habitant. 38 % de ce tonnage a été valorisé. Le reste, soit 83.358 tonnes, a été enfoui.

NR du 17/02/2012